Peut-on réduire la santé uniquement à une absence de maladie ?
- Diakité Cheick Amadou
- 3 mai 2017
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La médecine perçoit le corps comme une machine qui doit être réparée lorsqu’elle est défectueuse. C’est dans ce contexte que LERICHE définit la maladie comme « le silence dans la vie des organes ». À travers cette citation, il en ressort que la maladie est un fait uniquement biologique et seul le médecin est en mesure de comprendre le disfonctionnement du corps et de le réparer en cas de disfonctionnement. Cependant, l’OMS donne une définition globale de santé qui prend des dimensions biologiques, sociale et mentale. Des lors, en quoi est ce que la santé constitue l’absence de maladie ? Toutefois, peut-on réduire la santé uniquement à une absence de maladie ?
En premier lieu, il convient d’insister sur le parti pris par Leriche dans cette définition de la santé. L’auteur, en sa qualité de médecin pense que c’est lorsqu’il n’existe pas de symptôme qu’il y a la santé. Pourtant, « le silence des organes » n’exclut pas la présence de la maladie. Par exemple, les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. Ces maladies sont liées au mode de vie c’est-à-dire à l’alimentation, la sédentarité, le manque d’activités sportives etc. Au fil du temps, se dépose des petites couches de graisses dans les vaisseaux sanguin et au bout de nombreuses années, la maladie se déclare. On peut donc en déduire que l’absence de symptômes est relative à une installation progressive de la maladie. En sommes, cette assertion devient obsolète parce que dans un premier temps le « silence des organes » n’explique pas forcement l’absence de maladie et dans un second temps, la santé est un domaine que la médecine à elle seule ne peut contrôler c’est dans ce contexte que l’OMS définit la santé comme « un état complet de bien-être physique, social et mental qui ne consiste pas seulement en une absence d’infirmité.
La définition de l’OMS nous renseigne sur les dimensions physique, social et mentale de la santé. La dimension physique renvoie à la médecine dans la mesure où elle dispose des instruments nécessaire pour comprendre le fonctionnement de l’organisme humain et de régler des problèmes de fonctionnement du corps. La dimension qui nous intéresse le plus c’est la dimension sociale de la santé et de la maladie. La psychologue sociale Claudine Herzlich a enquêté pour saisir les principales logiques qui débouchent sur des définitions pratiques de la santé. Elle en déduit que ces logiques sont ancrées sur des croyances et des convictions des enquêtés. Ainsi, d’un point de vue anthropologique, la santé est une notion qui peut prendre différentes forme en fonction des perceptions d’une population dans l’espace et le temps. Par exemple, lorsque la maladie frappe l’africain, ce dernier se trouve en quelque sorte confronté à un dilemme. Globalement, deux médecines, cohabitent mais dont les approches sont fondamentalement différentes. Ce sont la médecine traditionnelle ou locale et la médecine occidentale moderne. La santé selon les africains prend une dimension spirituelle à laquelle la médecine moderne devient inefficace. C’est pourquoi la majorité des africains préfèrent se faire soigner par la médecine traditionnelle.
De plus, les définitions actuelles de la précarité et de l’exclusion pourraient se rejoindre de la manière suivante. L’exclusion sociale se définit aujourd’hui comme un processus de rupture progressive entre un groupe d’individu et sa société. Toujours en considération de la définition de l’OMS, un groupe d’individu qui est rejeté par sa société est un groupe « malade ».
Emile Durkheim, dans son ouvrage le suicide, rend compte des causes majeures qui poussent les hommes à se suicider en France. En en déduit que c’est le manque d’intégration sociale des individus qui entraine les suicides. Les individus ne pouvant pas régler leurs problèmes et n’ayant pas de soutien psychologique préfèrent se suicider. Dans ce contexte également, on peut caractériser ces individus de « malade sociale » et cette maladie qui les anime les poussent à se suicider.
En définitif, retenons que la médecine moderne avait le monopole sur le discours de la santé et de la maladie en caractérisant la maladie comme un disfonctionnement corporel. De nos jours, avec l’anthropologie et la sociologie, on se rend compte que la définition de la santé est très relative et se construire sur des croyances culturelles multiples. Comme le dit Emile Durkheim : « le sociologue est le médecin de la société, il essaie de prévenir les maladies et si elles sont déjà déclarées, il essaie de les guérir ». Pour le sociologue la santé n’est pas uniquement biologique mais elle est aussi sociale.
Diakité Cheick Amadou
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